"Ville de l' arrière-front de Verdun, centre militaire important qui a été, de ce fait, exposé aux bombardements répétés de l' aviation ennemie, particulièrement en 1916 et 1917.
Malgré les pertes subies, a toujours fait preuve du plus beau sang-froid et du patriotisme le plus ardent"
Citation de Bar le Duc à l' ordre de l' Armée en 1920
La visite vue par une famille barisienne :
Le départ du circuit proposé par l' office de tourisme était fixé sous le porche de l' ancien hôpital contigu à ND de Bar le duc


Pendant la guerre, le lycée national, l’ actuel lycée Raymond Poincaré, voit une grande partie de ses locaux réquisitionnés par l’ autorité militaire qui y implante à la fois un hôpital et la direction des étapes et des services de la dite armée. Ce service, dirigé par un général, est chargé d’ organiser le transfert des troupes, des vivres et des munitions, entre l’ arrière et le front. Son action est capitale en 1916, durant la bataille de Verdun. A aucuns moments la vie scolaire n’ est interrompue. Le proviseur, Mr Chemin et le censeur Mr Franquin organisent avec un grand sang-froid l’ internat et l’ externat au milieu du va et vient des officiers, des soldats, des infirmières, des médecins et des blessés. Les cours sont assurés pour un effectif amoindri : moins de 100 élèves en 1916 sur 250 en temps normal. Lors des alertes, les lycéens, leurs professeurs et le personnel se réfugient dans les caves… puis les cours reprennent… .
Durant quatre ans, le lycée de Bar le duc s’ adapte donc aux dures réalités de la guerre. 153 anciens élèves tomberont au champ d’ honneur. Les noms figurent sous le porche d’ entrée du lycée, sur une plaque inaugurée en 1921 par Raymond Poincaré.

De 1914 à 1918, Bar le duc est une ville de « l’ arrière front », comme l’ indique la citation qui accompagne la croix de guerre décernée à la ville en 1920. Bar le duc est à la fois à l’ arrière et au contact du front : l’ arrière plus « lointain » lui fournit des hommes, du matériel et des approvisionnements pour qu’ elle les achemine vers le front. Ce rôle s’ avère décisif à partir du début de l’ offensive allemande sur Verdun, le 21 février 1916. Les ressources venues de l’ arrière sont surtout regroupées à St Dizier, à 25 Km au sud-ouest de Bar le duc. Une partie est envoyée à Verdun via Revigny mais l’ essentiel est transféré à Bar le duc par le chemin de fer ou par la route ( depuis la gare de Baudonvillers ).
De Bar le duc à Verdun, deux voies de communications jouent un rôle capital : la petite voie ferrée dite « le Meusien » et, surtout la route Bar le duc / Verdun, « la voie sacrée ». C’ est un véritable cordon ombilical qui est géré par une commission régulatrice de façon draconienne mais efficace : dès le premier mois de la bataille, 800 camions de troupes et 600 camions de munitions et de matériels partent chaque jours pour Verdun.
La place Exelmans, où vous vous trouvez, servait alors de parc à camions. Des véhicules étaient prêts à monter sur Verdun et à en revenir avec des troupes relevées du front et des blessés.

En 1914, le parking des Minimes, était occupé par un marché couvert qui comportait au 1 er étage, une grande galerie. Fin 1916, on aménage cette galerie pour accueillir les parents peu fortunés des militaires en traitements à Bar le duc. Ces visiteurs ont à leur disposition une salle commune représentée sur cette photo et des chambres à trois lits.
Pendant la guerre, le marché couvert est l’ objet d’ une grande animation mais dans un contexte très différent d’ avant 1914. Les produits alimentaires sont plus rares, et surtout, plus chers, comme dans tous les commerces de la ville. Pour faire face à cette situation, la municipalité crée en 1914 des « fourneaux populaires » qui distribuent des repas et des produits alimentaires aux familles nécessiteuses et aux réfugiés. La Chambre de commerce agit, elle aussi, tout au long de la guerre pour assurer l’ approvisionnement de la ville en produits de première nécessité et pour peser sur les prix. Cela ne suffit pas, d’ ou l’ action d’ Emile Bugnon, un inspecteur primaire, qui fonde en 1917 une coopérative d’ achats en commun. Elle donnera naissance plus tard aux « Coopérateurs de Lorraine » une chaîne de magasins par succursales aujourd'hui disparue. Une plaque est apposée rue du Tribel, à la ville haute, pour en perpétuer le souvenir.

En septembre 1914, Bar le duc échappe de peu à l’ invasion allemande et à des combats qui auraient pu être destructeurs. Le front se stabilise désormais plus au nord, au niveau de Verdun. La ville subit néanmoins de lourdes pertes du fait des bombardements opérés par l’ ennemi.
L’ un d’ eux survient le 21 février 1916, date du début de l’ offensive allemande sur Verdun. 14 autres se succèdent jusqu'à la fin de la guerre. Le plus destructeur a lieu dans la nuit du 30 septembre au 1 er octobre 1917. Les bombes et l’ incendie qu’ elles provoquent anéantissent le vaste pâté de maisons situé face à vous entre la rue du Cygne et l’ Ornain. Sur la photo, on voit cet espace réduit à l’ état de ruines, dominées au loin par le clocher de Notre Dame. Après la guerre, un grand magasin « Dumas et Pinguet » est construit dans le style « Art déco », à l’ angle de la rue.
Les bombardements aériens font également de nombreuses victimes, au moins 79 morts et 146 blessés tant militaires que civiles. Le plus meurtrier a lieu le 1 er juin 1916, jour de l’ Ascension. Par un temps splendide, 16 avions lâchent 80 bombes essentiellement sur le centre de la ville, faisant 49 morts dont 40 militaires et de très jeunes enfants.



A partir de février 1916, l’ ennemi multiplie les bombardements aériens sur Bar le duc pour désorganiser le soutien à Verdun. Dans un premier temps, les habitants restent souvent dans les rues pour observer les avions, comme s’ il s’ agissait d’ un meeting d’ aviation. Très vite cependant, ils découvrent le tragique réalité de ces bombardements. La nécessité de se protéger prend le dessus.
L’ Armée installe des moyens de défense aérienne. La municipalité recense les caves susceptibles d’ abriter la population et elle les identifie par des inscriptions sur les façades des maisons. Elle fait aussi occulter les lumières pendant la nuit pour réduire les dangers des bombardements nocturnes. Les sirènes des usines de la ville sont mises à contribution pour signaler l’ arrivée des avions ou des « zeppelins », les dirigeables allemands.
Au total, jusqu’ en 1918, plus de 250 alertes retentissent, contraignant la population à gagner un refuge protecteur, les caves ne suffisant pas, 21 galeries souterraines sont creusées à flanc de coteaux, notamment sous la ville haute. 9 abris bétonnés sont également construits, par exemple place Exelmans, place de la gare et ici place Reggio où des ouvriers s’ activent à son achèvement.

De 1913 à 1920, Raymond Poincaré assure les fonctions de président de la République. Né à Bar le duc en 1860 au 35 rue du Dr Nève, il a été marqué dans sa jeunesse par l’ invasion prussienne de 1870. Ce souvenir ne le quittera jamais, d’ où sa grande vigilance envers l’ Allemagne.
Dès le début de la guerre, il parvient à imposer « l’ Union Sacrée » aux différentes forces politiques du pays. Les pouvoirs d’ un président de la République de ce temps sont cependant très limités. Il doit laisser l’ initiative aux chefs militaires et aux présidents du Conseil successifs.
Son intérêt pour la Lorraine et son attention pour sa ville natale ne faibliront jamais. Meurtri par l’ attaque allemande sur Verdun, il se déplace plusieurs fois dans l’ Est.
A Bar le duc, sa présence réconforte civils et militaires. Son épouse, elle-même soutient les associations caritatives.
Très tôt, Poincaré veut perpétuer le souvenir des heures tragiques de 1916 et la solidarité qui joua à plein entre Bar le duc et Verdun. Redevenu président du Conseil et président du Conseil Général de la Meuse, il inaugure en 1922 la borne « 0 » de la Voie Sacrée. Assurément, comme le déclara une loi votée en 1920, il avait « bien mérité de la patrie », au même titre que Clémenceau ou le maréchal Foch.

En 1914, Bar le duc compte environ 14 000 habitants auxquels s’ ajoutent 3000 soldats. Dès la déclaration de guerre, la ville perd sa garnison et les hommes mobilisés. Elle grossit cependant du fait de l’ implantation de nombreux services de l’ Armée et de l’ arrivée de milliers de réfugiés. En septembre 1914, ce sont surtout des Belges et des habitants du Nord Meusien qui fuient à pied ou en chariot devant l’ avancée allemande. En 1916, lors de l’ attaque allemande sur Verdun, ce sont des habitants de toutes les localités menacées qui fuient à leur tour. En juillet 1918, enfin, une troisième vague de réfugiés traverse la ville en provenance de l’ Argonne, lorsque les Américains lancent une offensive décisive dans cette région.
Une grande partie des réfugiés ne fait que passer dans la ville mais il faut cependant les nourrir et les héberger quelques temps, tant bien que mal. D’ autres, peut-être un millier, s’ établissent plus durablement. Il leur faut trouver un asile, de la nourriture et des ressources alors que tout manque. L’ un de ces réfugiés, assurément le plus prestigieux est Mgr Ginissy, évêque de Verdun, qui s’ installe à Bar le duc en février 1916 lors de l’ évacuation de sa ville. L’ église ND de Bar le duc devient alors sa cathédrale.

Comme la plupart des communes de France, Bar le duc érige, au lendemain de la guerre, un monument à la mémoire de ses enfants disparus durant le conflit. Elle fait appel pour cela au sculpteur Emile Peynot, professeur à l’ École nationale des Beaux-Arts. Le monument est réalisé sur place, comme on le voit sur la photo, et inauguré en mars 1925.
Il se présente sous la forme d’ une pyramide tronquée, décorée de deux motifs principaux. En haut, une femme debout, drapée dans des vêtements de deuil, personnifie le Souvenir. Elle s’ appuie sur un faisceau de lauriers destinés aux vainqueurs et tend une gerbe de fleurs à ceux qui ne sont pas revenus. En avant sept combattants de tous âges et de toutes conditions, symbolisent la Nation défendant son sol natal. L’ un d’ eux est déjà tombé. Les autres (un jeune appelé, un vieux territorial, un bourgeois, un ouvrier, un paysan) sont prêts à passer à l’ attaque.
Le nom des victimes ( 35 civils et 591 militaires) n’ est pas inscrit sur le monument lui-même mais sur une plaque imposante scellée sur un mur au premier étage de l’ hôtel de ville. Dans la cour de la cité administrative, un autre monument honore les morts du 94 ème R.I. « la Garde », l’ unité qui était, avant la guerre, en garnison dans la ville.

Besace et capote sur le dos, les soldats sont prêts à partir au front et à prendre le train, à la gare du « Meusien », impasse Varinot. Le « Meusien » est le complément indispensable de la route. C’ est le nom donné à cette ligne d’ intérêt local créée en 1876 par l’ ingénieur Charles Varinot.
Dès 1914, cette ligne est réquisitionnée par l’ Armée : un régiment du Génie l’ améliore même avec le doublement des voies entre Rembercourt et Beauzée, la création de gares spécialisées dans le ravitaillement (pour les hommes et les chevaux) et le téléphone dans toutes les gares.
En 1916, 128 locomotives et 800 wagons sont réquisitionnés sur d’ autres réseaux pour le « Meusien », autorisant un trafic incessant. 22 trains par jour, empruntent la ligne en février, puis 35 par jour en avril : c’ est l’ apogée. C’ est que le « Meusien » remplit dignement son rôle : il assure le transport journalier de près de 2500 hommes et de 2650 tonnes de marchandises. N’ oublions pas qu’ il a ramené du front des blessés dans les trains sanitaires et qu’ il a transporté les pierres pour la Voie Sacrée.
Une survivante du conflit et du temps, la locomotive « la Suzanne » a survécu au front et bénéficie d’ une restauration : elle est aujourd'hui l’ un des rares témoins de la bataille de Verdun.

La « voie sacrée » doit en partie son nom au député lorrain nationaliste Maurice Barrès. Dès 1916, ce dernier fait de la route Bar le duc - Verdun, le symbole de la solidarité de la Nation avec les soldats qui montent défendre Verdun, prêts au sacrifice suprême. Une partie de soutien logistique à Verdun a certes emprunté d’ autres voies de communication, mais c’ est la Voie Sacrée, qui très tôt, devient l’ emblème d’ un effort national partagé. Après la guerre, un autre
lorrain Raymond Poincaré, œuvre pour ancrer durablement dans l’ espace et dans les mémoires, le souvenir de ces temps héroïques. Président de la République jusqu’ en 1920, il exerce ensuite les fonctions de Président du Conseil général de la Meuse et à partir de janvier 1922 de président du Conseil. C’ est à ce double titre qu’ il revient dans sa ville natale le 21 août 1922 pour inaugurer la borne qui marque le début de la Voie Sacrée.
De Bar le duc à Verdun, toutes les bornes kilométriques de la Voie Sacrée, baptisée route nationale Voie Sacrée en 1923 ont la forme d’ une petite pyramide surmontée d’ un casque de poilu. A l’ origine, la borne « 0 » se trouvait rue Bradfer. Elle a été déplacée récemment, à proximité du château de Marbeaumont où le général Pétain résida souvent pendant la bataille de Verdun.

Par le récit qui suit, nous voulons rendre hommage à tous ces hommes et femmes qui furent sacrifiés sur l' autel de l' absurdité.
Comment reprendre une vie normale après avoir vécu un tel enfer où la seule chose qui vous tient debout est le " pinard ".
Nous vous proposons de visiter les sites que nous apprécions particulièrement :
- Géoportail permet maintenant de visualiser sur le terrain, les aires opérationnelles, qui sont parfois, pour des raisons de sécurité, protégées par l' Armée, comme c' est le cas du camp de Suippes ou du Moronvilliers. www.geoportail.fr
- le front de Champagne via le site : http://perso.orange.fr/champagne1418/bataille/bataille.htm
- les lignes de la rive gauche de la Meuse, ainsi que la composition organique de l' Armée française via le site : INFANTERIE 14-18, iabem.free.fr
- www.voie-sacree.com
- deux sites photos: http://bac.d.free.fr/guerre_14_18/et http://pharouest.ac-rennes.fr/e220054P/GdeGuerre/index.html
- www.chtimiste.com
- www.pages14-18.com
Nos films cultes:
- les fragments d' Antonin de Gabriel le Bomin
- la grande illusion de Jean Renoir
- les sentiers de la gloire de Stanley Kübrick
- a l' ouest rien de nouveau de Lewis Milestone, d' après le roman de Erich Maria Remaque
- capitaine Conan de Bertrand Tavernier
- la chambre des officiers de François Dupeyron
- Les âmes grises de Yves Angelo
- la vie et rien d' autre de Bertrand Tavernier
- Joyeux Noel de Christian Carion
- un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, d' après le roman de Sébastien Japrisot
- Johnny got his gun de Dalton Trumbo
- Les croix de bois de Raymond Bernard d' après le roman de Roland Dorgelès


3) Le ravitaillement du front
10) Le monument aux morts