Il est essentiel à ce stade d’ étudier cette source d’ eau pure.
Cette forme de condensation se produit quand la température du sol ou de tout autres surfaces baisse au point de déclencher la condensation de la vapeur d’ eau contenue dans la couche d’ air voisine, entraînant la formation de gouttelettes d’ eau qui se déposent sur le sol ou les végétaux.
Les conditions idéales pour l’ apparition de la rosée sont :
- Une nuit claire et calme
- Un air humide près du sol
- Un faible degré d’ humidité de la couche d’ air supérieure
- Un vent léger, inférieur à 5 Km/h
- L’ absence de nuages qui favorise la diffusion d’ une partie de la chaleur diurne emmagasinée à la surface du sol dont le refroidissement suffit à provoquer la condensation directe de la vapeur d’ eau contenue dans l’ air ambiant.
La formation de la rosée s’ explique également par la fusion plus rapide des gouttes d’ eau sur des surfaces dures alors que dans l’ air elles ont tendance à s’ entrechoquer. Quand elles se touchent et fusionnent, elles émettent un petit cri qui peut être capté.
Sulat, dans son « mutus liber » à la planche IV a illustré les conditions et la méthode de recueil de la rosée :

Il faut donc une nuit claire, sans nuages ni précipitations. Sous nos latitudes, mars est souvent pluvieux, et en mai la rosée se fait rare. Il reste à choisir le moment opportun en avril. Malgré tout, la solution de l’ automne est acceptable car le mois de septembre est souvent beau et la rosée abondante. On peut ainsi recueillir 10 litres à l’ heure ! Il faut se prémunir du froid. Notre technique ( ma Pernelle s’ appelle Nathalie ), consiste à enfiler des gants polaire recouverts de gants latex.
L’ analyse grossière de cette rosée révèle les résultats suivants : c’ est une eau douce, faiblement minéralisée, presque une eau osmosée,
- pH 6 à 6,5
- 1 mg/l de nitrites (no2--)
- 10 mg/l de nitrates (no3-)
- 1 mg/l de phosphates (PO4---)
La rosée est ensuite filtrée et c’ est une autre difficulté qui nous attend, car sa filtration se révèle quasiment impossible au filtre de papier. Il faut la filtrer au travers d’ un filtre permanent en matière plastique pour machines à café électriques. Puis la rosée est remisée au noir. Enfin nous l’ exposons à la lune, à l’ instar du maître Cyrano. Il se passe alors un phénomène étonnant : les impuretés se retrouvent collées au fond des bouteilles et il pousse à l’ intérieur de celles-ci, une substance gélatineuse qui vit au rythme des cycles lunaires et s’ extasie à la manière de Notre Dame sur le tableau. Certains l’ appellent « nostoc ».
« Je m’ estois attaché tout autour de moy quantité de fioles pleines de rosée et la chaleur du soleil qui les attiroit m’ esleva si haut qu’ à la fin je me trouvai au dessus des plus hautes nuées. Mais comme cette attraction me faisoit monter avec trop de rapidité et qu’ au lieu de m’ approcher de la lune comme je pretendois, elle me paraissoit plus esloignée qu’ à mon partement, je cassai plusieurs de mes fioles jusques à ce que je descendois vers la terre » (Hercule Savinien Cyrano de Bergerac, l’Autre monde, les états et empires de la Lune, Ed Belin, 1977).
D’ un point de vue chimique, nous savons que, dans le cycle de l’ azote, les nitrates sont transformés en nitrites par les bactéries puis en ammonium (NH4+). Le sel que l’ on isole de la rosée est donc un dérivé ammoniacal (NH4NO3 ou/et NH4Cl). Selon Canseliet, le sel de rosée est un isomère du nitre (dans l’ esprit de l’ artiste : une substance de même origine !). Ce dernier s’ en servait même pour soigner son insuffisance cardiaque. Il est vrai qu’ un des remèdes d’ urgence de cette maladie est une molécule du nom de « trinitrine ».